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Retour chez moi après 10 ans d’absence

En août dernier, je suis retourné dans mon village d’origine pour la première fois en dix ans, période assez longue pour me donner le mal du pays. Après un vol de près de 2h, l’avion a atterri à l’aéroport Noi Bai à Ha Noi. Nous avons ensuite pris un taxi pour Thanh Hoa.

Lorsque nous approchions de mon village, j’ai demandé au chauffeur de ralentir pour que je puisse admirer les montagnes, la rivière et les champs. J’avais envie de regarder les rizières, de faire de l’escalade. Mon cœur débordait de joie.

Lorsque le taxi a emprunté la route de mon village, j’étais anxieux. Au bord du chemin, les petits gardiens de buffles me regardaient avec de gros yeux ronds. Ils ne me connaissaient pas et riaient en courant derrière le taxi avec curiosité. Les vieillards et les villageois semblaient me reconnaitre, mais ils ne furent certains que lorsque le taxi s’arrêta devant ma maison. Quand le chauffeur a ouvert la portière, ils ont dit: “Regardez, c’est Lam, le fils de Son”.

Tous les voisins sont arrivés. Mon frère les a salués avant de m’aider à m’asseoir dans mon fauteuil roulant. Ils m’ont embrassé en pleurant. J’étais très ému. Le soir, tout le village est venu me rendre visite. Personne ne voulait rentrer car on avait tant de choses à se dire. J’étais tellement heureux que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Ma mère était tellement heureuse de me revoir après 10 ans. Mais je sais qu’elle cachait sa tristesse sous un sourire pour que je me sente heureux. Elle sait ce que j’aime manger et déclara que tous les jours, elle cuisinerait mes plats préférés. Ses yeux cernés, ses cheveux poivre et sel et ses mains calleuses m’ont déchiré le cœur.

Mon père était maigre comme un squelette, son front plein de rides. Il ne cessait pas de s’affairer pour s’occuper de nous. Je me sentais coupable de ne pas pouvoir aider mes parents.

Comme cadeau, je leur ai apporté un recueil de mes poèmes et un CD sur lequel j’en lisais certains. Tout le monde a lu et écouté attentivement. Certains ont pleuré.

Je n’ai pas pu revoir tous mes amis et mes professeurs parce qu’ils avaient démenagé. Il y a eu beaucoup de changements dans mon village en dix ans. Des maisons à étages ont été contruites, des rues ont été bétonnées. J’étais heureux de voir toutes ces améliorations.

Le jour où j’avais quitté mon village, ma grande sœur était mariée et avait un fils de deux ans. A mon retour, elle en avait deux de plus, tous si mignons. Au début, ils n’osaient pas s’approcher de moi. Mon petit frère n’avait que huit ans à l’époque mais c’est maintenant un jeune adulte de 18 ans. Il était aussi un peu gêné avec moi mais par la suite, grâce aux repas chaleureux, aux histoires et aux discussions, nous nous sommes rapprochés.

J’avais de la peine à retenir mes émotions devant les bons sentiments de mon entourage. Ils m’apportaient tous les jours des fruits, des poulets, des pigeons, des pamplemousses. Tout cela m’a réchauffé le cœur.

Chaque après midi, au coucher du soleil, mon petit frère et moi partions contempler les rizières toutes vertes, les cigognes et les collines autour de notre maison. Et puis on a rendu visite à tous les voisins, à nos proches. Tout le monde nous a bien accueillis. On a pu discuter et j’en étais très content.

Quinze jours ont passé si vite. Je voulais rattraper le temps perdu mais ce ne fut pas possible. Ce séjour à la campagne m’a rappelé l’importance de la famille. J’avais attendu ce moment depuis tant d’années. Inévitablement, la date de mon retour à Saigon est arrivée. J’étais très triste. Tout le village s’est rassemblé chez mes parents pour m’embrasser en me donnant des conseils pour garder la santé. Tous me disaient “à bientôt”. Je ne voulais pas quitter mon pays natal, ma famille, mes voisins une nouvelle fois mais je le devais, malgré ma tristesse. C’est la vie!

Tout le monde me faisait des signes de la main lorsque je montais dans la voiture. Dans la foule, j’ai vu les larmes sur le visage de ma mère et de ma sœur. Je me suis promis de bien vivre et de revenir plus souvent. Au revoir ma maison chérie … et à bientôt!